NOUNOUS D'HIER A AUJOURD'HUI
Voici des extraits d'un ouvrages daté de 1649.
L'auteur Jacques Guillemeau, chirurgien des rois Henri III et Henri IV, y décrit ainsi les qualités que doit posséder, selon lui, celle qu'il nomme..."la nourrice idéale".
"Etre engendrée d'une race bien saine. Etre âgée de vingt-cinq à trente-cinq ans. Etre de médiocre taille, ni trop grande, ni trop petite, ni trop grasse, ni trop maigre, ni trop grosse ; les bras et les jambes charnues, chair ferme; ni louche, ni boiteuse, ni bossue. Les brunettes sont retenues pour les meilleures, ainsi que celles qui ont le poil couleur chastaigne, entre le blond et le noir.
(...) les mamelles seront de moyenne grosseur. Le mamelon situé au milieu doit estre un peu élevé et vermeil comme une petite fraise.
(...) Etre de bonnes moeurs ; sobre, sans estre adonnée ni au vin, ni à la gourmandise ; gracieuse, sans se fâcher ni courroucer, car il n'y a rien qui corrompe plus le sang que font la tristesse et la colère ; joyeuse, riante, chantant avec son enfant, le chérissant et traitant doucement sans lui refuser aucunement la mamelle ; chaste, sans désirer la compagnie de son mari ; prudente, sage et avisée, devinant ce que l'enfant demande, lui ôtant ce qui l'attriste, lui faisant fête, le baisotant, le sautelant doucement entre ses bras, lui chantant des chansons et le démaillotant souvent pour le mettre nettement.."
En ce début de siècle, les nourrices jouent encore un rôle important.
Un ordre spécial des nourrices a même été créé par le conseil général de la Seine pour récompenser les plus méritantes d'entre elles.
Toute femme se présentant comme nourrice doit subir un examen médical.
Sont rejetées les candidates au teint trop pâle ou aux dents cariées, signes d'une mauvaise alimentation.
Les femmes trop grasses se voient également refusées, de même que celles qui dégagent de trop fortes odeurs.
Il existe à Paris, en 1906, une vingtaine de bureaux de nourrices où se recrutent les « nourrices sur lieu » et les « nourrices au loin ».
Les premières viennent habiter dans la famille de l'enfant. Les secondes emmènent le nourrisson chez elles, à la campagne.
La nourrice sur lieu a la préférence, car elle offre infiniment plus de garanties. Mais elle coûte plus cher.
Pour être agréée, une nourrice doit, en principe, présenter un certificat du maire de son lieu de domicile, constatant que son dernier enfant vivant est âgé de 7 mois révolus ou, s'il n'a pas atteint cet âge, qu'il est allaité par une autre femme.
Ces dispositions, inscrites dans la loi Roussel en 1874, restent cependant encore bien souvent lettre morte en ces premières années du xxe siècle.
Bien que la stérilisation du lait soit de nature à propager l'usage du biberon, l'allaitement maternel ou son remplacement par le lait de la nourrice sont toujours prépondérants, et ce jusqu'à un âge avancé du nourrisson, le sevrage total ne se pratiquant pas avant le dixième ou le douzième mois et parfois même au-delà (souvent à l'âge de 2 ans).
« Lorsque la nourrice est bien constituée et que l'enfant trouve en elle une alimentation suffisante, estime-t-on alors, il n'y a aucun inconvénient à prolonger l'allaitement. »
Au début du XXe siècle, comme au siècle précédent, c'est dans les départements du Nord et en Bretagne, où la misère pousse les femmes à venir chercher un emploi dans la capitale, que se recrutent les nourrices. Mais le Morvan reste encore un grand pourvoyeur de « nounous ».
" L'élevage humain est la plus grande industrie du Morvan, plus encore, peut-être, que l'exploitation et le flottage du bois », écrit Ardouin- Dumazet dans sa suite d'ouvrages Voyage en France parus au début du siècle.
Il poursuit : « De tout temps les Morvandelles ont eu la réputation d'excellentes nourrices. C'est dans la race. Même chez les jeunes filles presque bourgeoises des petites villes et des bourgs on trouve l'allure massive qu'aura plus tard la matrone. Par un phénomène d'atavisme, semble-t-il, la souche a été ainsi marquée. »
source http://www.histoire-en-questions.fr/metiers/nourrices.html
L’accueil en nourrice diminue. Les biberons stérilisables apparaissent et l’allaitement artificiel est fortement encouragé grâce aux découvertes de Louis Pasteur.
Progressivement, les parents se mettent à garder leurs enfants chez eux. La médecine va encourager les mères à élever elles-mêmes leurs enfants.
La Protection Maternelle et Infantile apparaît en 1945.
Une de ses missions est d’organiser la surveillance des placements nourriciers.
La fonction évolue vers une fonction de garde et de soins. L’une des préoccupations de l’époque est la baisse du taux de mortalité.
(infos empruntées à http://lafarandoledesassmat.free.fr/index.php?menu=HistoriqueProfession)
Les pratiques éducatives s’assouplissent à partir des années 1960.
L'influence de la psychologie se fait sentir sur les pratiques éducatives.
Il existe des manuels d’apprentissage de la fonction maternelle.
Parallèlement à l’accroissement du travail des femmes, il est de bon ton que celles-ci restent encore auprès de leurs enfants pour les élever. Les modes d’accueil collectifs sont peu nombreux, le travail des nourrices appelées également gardiennes est peu réglementé.
Le travail au noir est important.
Il faudra attendre la loi de 1977, pour que les gardiennes accèdent au statut d’assistante maternelle, c'est-à-dire une personne qui a pour « fonction d’assister les parents dans leurs tâches éducatives » auprès de leur enfant.
Cette loi instaure aussi un statut professionnel précisant les modalités d’agréments délivrés par la P.M.I.
Mary Cassat : La Nourrice et l’Enfant
Servantes de haut niveau débarquées de leur campagne ou pauvres paysannes accueillant les tout petits dans des chaumières insalubres, Bernadette de Castelbajac dresse, à l'aide d'anecdotes piquantes, un tableau historique vivant et inattendu de ces "mères de substitution".
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